La transition énergétique intensifie l'extraction minière pour sécuriser les ressources, menaçant les terres. Des débats opposent protection des terres et extraction minière. L’étude des exploitations de lithium en Amérique latine et en France éclaire les attitudes des habitants envers l'exploitation, et reflète les paradoxes de la transition.***Cette communication vise à mettre en lumière les liens entre la dimension horizontale des terres, directement accessible à l’œil humaine et sa dimension verticale, souterraine largement invisible. Les terres (de surface) sont largement mises à risque ces vingt dernières années par les politiques de sécurisation des ressources minières paradoxalement enclenché par le contexte de transition énergétique. En effet, la transition énergétique, telle qu’elle est pensée, vise principalement à une décarbonation des systèmes énergétiques, au prix d’une extraction accrue et exponentielle des matières premières minérales. Cela se traduit par la mise en place en 2008 du Critical Raw Material Act par l’Union européenne et du Comité pour les matériaux stratégiques en 2011 par la France, lançant la perspective d’un « renouveau minier » en Europe. (Chailleux 2022, Buu-Sao, 2021). Ainsi, le lithium devient une ressource centrale, socialement construite, pour le développement de l’électromobilité dont les politiques cherchent à sécuriser les ressources. Cette communication vise ainsi à questionner les paradoxes de la transition en s’intéressant aux exploitations de lithium en Amérique latine et en France par le biais des relations des habitants à leurs terres et l’imposition de concessions minières par leurs État respectifs. En effet, les activités extractives au nom de la transition interrogent et inquiètent, faisant l’objet d’intenses débats opposant généralement protection des terres en faveur de la production agricole ou de la biodiversité à l’extraction de matières premières (Balan 2021; Schrijen 2022) . Les argumentaires et les mises en récit se référant tous à des transitions écologiques dont les perspectives différent (Madureira, 2021, Norrant et Rivenet, 2022) et dont les impacts et bénéfices locaux s’opposent et s’affrontent. Ainsi nous proposons dans un premier temps de revenir sur l’articulation entre la terre et la Terre par la question foncière : comment le statut foncier du sol dialogue avec l’exploitation du sous-sol (Forget et al., 2019). À travers la présentation de 2 études de cas (Argentine, Salinas Grandes Jujuy et France, Echassières, Allier), nous montrerons ce que l’attachement à la terre engendre en termes de rejet ou de soutien à l’activité extractive et comment se recomposent les jeux d’acteurs sur ces territoires. Notre présentation s’appuiera sur les résultats issus d’enquêtes et d’entretiens sur les relations des habitants à leur environnement, à leur acception de la transition et à l’acceptation ou non des exploitations.