Le Parti Conservateur britannique est souvent considéré (et auto-revendiqué) comme étant le parti de la loi et de l'ordre. C'est en effet à la suite du discours de l'ancien ministre de l'Intérieur Michael Howard au congrès annuel du parti de 1993, dans lequel il a affirmé que « la prison marche », que la population carcérale a commencé à augmenter de façon exponentielle au Royaume-Uni pour atteindre un pic en 2012. Or, cette augmentation n'est pas le seul fait du Parti Conservateur. Bien que le « populisme autoritaire » 1 et le « populisme punitif » 2 soient associés au Parti Conservateur, c'est le gouvernement de Tony Blair qui a mené à bien le « tournant punitif » de 1993 et fait de la question sécuritaire un enjeu électoral d'envergure 3 . Bien qu'il ait essayé de ménager une troisième voie entre la répression et la prévention de la criminalité avec sa politique « dure avec la criminalité, dure avec les causes de la criminalité », son activité pénale a été surtout marquée par la sévérité, le gouvernement néotravailliste adoptant des politiques opportunistes et irréfléchies dans une tentative désespérée de se débarrasser d'une image de laxisme en matière pénale 4 . Pendant ses treize ans au pouvoir, il y a eu une prolifération de la législation pénale et un durcissement des peines, entraînant un élargissement du filet pénal et la montée inexorable de la population carcérale 5 . Le tournant punitif des années 1990/2000 avait provoqué une véritable crise dans le système pénal britannique. En 2010, la population carcérale de l'Angleterre et des Pays de Galles était de 85 000 détenus pour 100 000 de la population nationale 6 , ce qui représente une augmentation d'environ 100 % depuis 1993. À cela il faut rajouter les deux à trois mille ressortissants étrangers qui étaient en détention administrative 7 . Le parc pénitencier était surpeuplé, insalubre, dangereux, ce qui a entravé les tentatives de réhabiliter des détenus. Le système carcéral anglais subissait à une véritable crise de légitimité, surtout dans un contexte d'austérité budgétaire. Avant d'aller plus loin, il convient de noter les caractéristiques les plus saillantes du populisme qui ont alimenté cette crise. Il s'agit d'abord de créer une opposition entre « nous » et « eux ». Le « nous » est souvent considéré comme étant « le peuple » ou « les gens ordinaires » qui s'opposent à « une élite corrompue » 8 qui, pour les populistes de droite, est